“Pourquoi tu parles pas ? T’es timide ?”
S’il y a bien deux mots et “comportements” que l’on confond encore et toujours à l’heure actuelle, c’est l’introversion et la timidité. Mais être introverti et être timide ce n’est pas du tout la même chose, ce n’est pas incompatible mais ce n’est pas forcément lié non plus. Il faut savoir que la timidité peut aussi toucher les personnes extraverties. Tout le monde, d’ailleurs, a pu éprouver, à un moment donné dans sa vie, de la timidité.
Essayons de décortiquer cette idée reçue :
Alors que l’introversion serait plutôt un tempérament, une manière de fonctionner et de réagir aux stimuli externes - la personne introvertie s’épuise au contact des autres -, la timidité, elle, serait plutôt un état émotionnel, ponctuel ou continu et évolutif selon le contexte et l’environnement social auquel la personne est confrontée; évolutif, car une situation qui vous met mal à l’aise aujourd’hui peut ne plus vous poser de souci les jours suivants, à force d’y être confronté.e : vous prenez de l’assurance, vous gagnez confiance en vous.
La timidité peut aussi devenir maladive si elle altère considérablement votre qualité de vie vous empêchant d’interagir ou de faire quelque chose sans craindre systématiquement l’avis des autres. Elle trahit souvent un manque de confiance en soi ainsi qu’une faible estime de soi. Mais tout cela peut se corriger en faisant un travail sur soi, avec le temps et l’expérience, et la volonté de la vaincre.
L’introversion quant à elle n’est pas une pathologie que l’on soigne ou un “état” passager. Elle peut en revanche avoir des côtés gênants : le fait d’être rapidement épuisé.e par les interactions sociales, le fait d’avoir besoin de temps pour s’ouvrir aux autres… certaines personnes n’ont pas la patience d’attendre et de creuser… ce dernier peut certainement se travailler.
La timidité, c’est avoir envie de dire ou de faire quelque chose mais ne pas oser se lancer car nous craignons d’être jugé.e ou ignoré.e par les personnes en face. Nous avons peur que ce que l’on va dire soit inintéressant et non pertinent et que autres le soulignent. Mais il faut bien garder cette notion d’envie de participer.
Mais alors, d’où vient cette confusion ?
Probablement d’un constat général : les personnes timides -introverties ou extraverties- et les personnes introverties non timides sont la plus part tu temps les plus discrètes, celles que l’on entend et qui se manifestent le moins, surtout au sein d’un groupe. Elles sont le plus souvent en retrait dans leur coin et ne participent pas ou très peu. Mais, alors qu’un introverti ne ressentira pas spécialement le besoin de s’exprimer et de donner son avis, le timide lui en aura envie mais n’osera pas par peur du regard des autres.
Qui d’entre nous n’a jamais entendu, et le plus souvent de la bouche d’un proche “Tu parles pas ? T’es timide” Et aurait bien répondu : “non, je n’ai juste rien à dire à l’instant T, c’est tout” ou “non, je ne suis pas timide, j’allais parler mais le temps de réfléchir à ma réponse et vous avez déjà changé de sujet” ou encore “non, je ne suis pas du tout timide, j’ai juste décroché de la discussion depuis 20 mn et je me suis perdu.e dans mes pensées. Vous étiez en train de parlez de quoi ?”.
À la même question, la personne timide aura certainement envie de s’exprimer, avec un petit moment d’hésitation et sera ravie de pouvoir participer.
Différences et confusion avec l’anxiété sociale
L’anxiété sociale, c’est être constamment sur le qui-vive prêt à prendre la fuite pour éviter une situation sociale angoissante, réellement interprétée comme un danger par le cerveau. C’est un vrai handicap dans la vie de tous les jours car elle nous empêche de vivre et de profiter de la vie simplement : impossible de rencontrer des gens pour celles et ceux qui en éprouvent le besoin, impossible d’aller au concert de notre artiste favori.e et de se retrouver entouré.e de gens, impossible de faire les magasins, impossible d’aller diner chez des ami.es, impossible d’être confrontée au monde extérieur, impossible d’interagir socialement sans la peur de se sentir observé.e, jugé.e, oppressé.e, sans la crainte de se faire moquer, humilier, impossible de manger devant quelqu’un.e sans avoir l’impression que l’on nous juge… C’est aussi la peur d’aller à l’école}, ou encore de paraître bizarre. La liste est longue. C’est pour toutes ces raisons que les personnes souffrant d’anxiété sociale ont peur de sortir et préfèrent rester seules, chez elles.
À ce sujet je ne peux que vous conseiller et remercier aussi Emmanuelle Drouet, du super compte insta @peripepsy, qui m’a appris beaucoup de choses sur l’anxiété sociale, en ayant elle-même souffert, à travers des stories et des lives vraiment très enrichissants sur le sujet.
L’anxiété sociale, -ou phobie sociale- n’est donc pas un tempérament mais un trouble anxieux, un trouble psychique -qui peut être déclenché à la suite d’une mauvaise expérience lors d’une interaction sociale-, une pathologie qui se soigne et qui est, à tort, trop souvent confondu avec l’introversion. Pourquoi ? Parce que les deux partagent des attitudes et des façons d’agir similaires, comme celles qui se caractérisent par l’évitement et la fuite de “toutes” {ou certaines} interactions sociales : la personne introvertie le fera dans le but de préserver sa batterie sociale tandis que la personne souffrant d’anxiété sociale (qui peut être introvertie ou extravertie d’ailleurs) interprètera ces interactions comme un danger et pourra même en déclencher une crise de panique. Elle fera donc tout pour éviter de croiser les gens en mettant en place ce que l’on appelle les stratégies d’évitement : connaitre les horaires de sortie de ses voisins, faire un détour car on aperçoit au loin une personne, marcher en regardant par-terre pour éviter de croiser un regard…
De mon côté, si j’évite encore de croiser quelqu’un alors que je ne souffre plus d’anxiété sociale, c’est simplement pour préserver ma batterie sociale -je m’épuise très vite au contact des autres- et m’éviter un bavardage de surface (smalltalk) qui me met parfois mal à l’aise (je ne sais pas vraiment quoi dire à la personne en face) mais qui en soit ne me fait pas peur, je peux le faire.
Je n’ai pas peur de croiser des gens d’ailleurs, j’adore même, je les apprécie beaucoup, j’ai juste la “”flemme”” car je sais que si je me mets à discuter pendant 1h je vais me sentir fatiguée, fatiguée d’avoir parler, fatiguée d’avoir écouter, etc.