L’introversion serait-elle génétique ?
On sait que notre environnement social joue un rôle très important dans le développement et la construction de notre personnalité. Les parents, la famille, les copains copines à l’école, les fréquentations, toussa toussa. Mais quid de ce que l’on aurait hérité de nos aïeux ? Y a-til plusieurs personnes introverties dans votre famille ou bien êtes-vous la seule ? Y a-t-il un lien vous pensez ? Je vais vous parler ici de deux psychologues dont les travaux m’ont interpellée, Jerome Kagan et Hans Jurgen Eysenck. J’ai trouvé cette étude intéressante et je voulais vous la partager dans ce livre, libre à chacun.e d’entre-vous de se faire son propre avis, elle n’est pas une vérité absolue.
Selon plusieurs psychologues, l’introversion aurait une origine génétique et physiologique.
The Long Shadow of Temperament, 2004, Jerome Kagan
Jerome Kagan est un psychologue américain qui a mené une étude sensorielle sur le long terme en 1989, sur environ 500 nourrissons de quatre mois afin de déterminer leur tempérament. Il les a suivis jusqu’à leur adolescence pour valider son expérience.
Selon lui, les tempéraments de chaque individu seraient prédictibles dès la naissance. Ils fluctueraient tout au long de la vie selon l’environnement social et selon la manière qu’à une personne de percevoir et de ressentir les émotions. Cela voudrait donc dire que nous sommes né.es comme cela.
L’étude
Il a exposé des nourrissons à plusieurs stimuli externes différents {bruits, odeurs, lumières, couleurs, toucher, nouveaux jouets…} et a déterminé ensuite deux profils en observant leurs réactions :
- ceux qui réagissaient beaucoup à ces stimuli -et plutôt de manière négative- {nervosité, agitation, détresse, pleurs}, qu’il a nommé les bébés hautement réactifs {HR}, qui étaient de l’ordre de 20%.
- ceux qui ne réagissaient pas ou peu aux stimuli, tranquillement, tout en continuant leurs babillages de bébés comme si de rien n’était. Il les a appelé les bébés faiblement réactifs et ils étaient 40%, soit moitié plus que les premiers.
- Les 40% restants n’appartiennent à aucun des deux groupes et auraient des tempéraments entre les deux HR et FR. Certainement des ambivertis 🙂
La conclusion de cette étude, en gros
Anyway, son étude à démontré qu’à l’âge adulte, les bébés Hautement Réactifs à ces stimuli deviendraient -et étaient devenus- des personnes craintives, repliées sur elles-mêmes, réservées et prudentes {inhibées} dans des lieux et des situations qui ne leur seraient pas familiers et si exposées à trop de stimuli; et s’orienteraient plutôt vers des métiers solitaires ou ayant le moins d’interactions sociales possible {informatique, écriture, arts, science, etc}
Concernant les bébés Faiblement Réactifs, ils seraient -sont devenus- des adultes spontanés, audacieux, ouverts, sociables et à l’aise {désinhibés} dans la vie de tous les jours ainsi que dans des situations qui ne leur seraient pas familières. {Personellement c’est tout à fait l’image que j’ai d’une personne extravertie}.
Tel est ton destiiiin ?
Son expérience s’est confirmée sur la quasi totalité des enfants qu’il a suivi mais il précise tout de même que ce n’est pas une fatalité : un bébé Hautement Réactif ne deviendra pas forcément un adulte craintif et réservé. {Oufff nous sommes sauvés !}
Il avance l’idée qu’à partir du moment où nous comprenons notre mode de fonctionnement, nous faisons tout pour nous éviter des situations qui nous mettent mal à l’aise et nous stressent. Comme parler de nous, nous retrouver au centre de l’attention, dire “ok” par principe en étant invité.e à une soirée alors qu’on sait d’avance qu’on n’a pas envie d’y aller, sortir en même temps que ses voisins parce qu’on n’a pas envie de faire du smalltalk, etc.
Il est vrai que comme nous nous sentons rapidement envahi.es et submergé.es par un trop plein d’interaction sociale -et de stimuli externes pour les personnes hypersensibles-, et que cela nous fatigue plus vite que les autres, nous préférons les éviter afin de nous préserver : nous connaissons notre mode de fonctionnement; nous restons dans les limites de notre zone de confort.
Mais du coup, qu’est-ce que son étude nous apprend réellement ?
Que nous réagissons de manière physiologique aux différents stimuli externes et aux interactions sociale selon notre tempérament introverti ou extraverti : c’est une réponse de notre cerveau face aux émotions que nous ressentons à l’instant T.
Jerome Kagan explique que les personnes inhibées, Hautement Réactives, ont un seuil d’excitabilité plus élevé et plus sensible que les personnes Faiblement Réactives au niveau de leur complexe amygdalien, ”dû à une neurochimie différente dans l’amygdale ».
Vous n’avez rien compris à la phrase précédente ? Je vous rassure, moi non plus. Pour vulgariser, c’est une région du cerveau qui joue un rôle important dans la perception des émotions et notamment dans la reconnaissance de la peur et de l’anxxxiété. En d’autres termes, nous sommes conçu.es différemment entre personnes hautements réactives et faiblement réactives.
De plus, il avance que les bébés hautement réactifs sont plus susceptibles que les autres de développer une anxiété sociale plus tard. Si je devais parler de mon expérience personnelle -et cela ne reste QUE mon expérience personnelle-, je dirais que je remplis absolument tous les critères de son étude, :
- j’étais un bébé très craintif, qui hurlait au moindre claquement de porte, qu’un rien ne réveillait et qui du coup pleurait beaucoup. Bref je suis restée la même. Je n’aime toujours pas le bruit, les travaux dans le voisinage me dérangent, j’ai un sommeil léger voir inexistant même avec des boule quiès et je ne m’approche guère des personnes qui me sont étrangères. Il me faut un petit temps d’adaptation, apprendre à les connaitre petit à petit avant de me sentir un peu en confiance.
- concernant mes enfants, mon premier qui a 5 ans et demi n’est pas vraiment impressionné par les personnes qu’il ne connait pas; il a beaucoup de copains / copines à l’école mais reste un peu dans son monde -ce sont les dires de la maitresse-. Sa petite soeur, elle, baisse la tête, ferme les yeux et ne parle plus si quelqu’un.e qu’elle ne connait pas s’approche et lui parle. Petite, elle était effrayée par les jouets qui faisaient de la musique. Elle est actuellement en crèche et il lui a fallu plusieurs mois avant de pouvoir s’ouvrir un peu.
Hans Jurgen Eysenck
Selon ce psychologue allemand, la différence entre l’introversion et l’extraversion serait déterminée par notre degré d’excitation et d’éveil interne {c’est tout ce qui se rapporte à la motivation, la conscience, l’attention, le sommeil, etc}.
La personne introvertie aurait déjà en elle un haut niveau d’excitation et de stimulation, c’est pour cela qu’elle se sentira vite submergée et sur-stimulée dans un environnement bruyant et agité, avec beaucoup d’interactions sociales. Elle sera donc naturellement attirée par la solitude, les endroits calmes, les activités tranquilles et les personnes posées. C’est physiologique.
La personne extravertie elle, ayant un faible degré d’excitation interne, ira donc naturellement la rechercher aux contacts des autres et du monde extérieur. Il observe aussi un besoin de récompense immédiate chez l’extraverti qui le motive à s’exprimer souvent et raconter une blague par exemple, dans le but de faire rire tout le monde, ce que l’introverti ne rechercherait pas… Ça me fait penser à quelque chose : vous avez déjà essayé de raconter une blague, personne ne l’a entendue sauf un.e qui l’a ressort tout de suite après et fait rire tout le monde ?
Bref, pour aller plus loin, et avec des mots plus compliqués, du genre “neuroscience”, Eysenck parle du Système d’Activation Réticulaire {SAR} dans son ouvrage. C’est aussi une zone du cerveau, qui communique soit dit en passant avec l’amygdale et qui serait beaucoup plus active chez une personne introvertie que chez une personne extravertie. {Cette zone du cerveau contrôle notre système de croyance et déclenche des réponses en fonction {elle est très importante dans notre motivation à réaliser nos objectifs et atteindre notre but.}} Bon, le meilleur moyen d’en apprendre plus reste encore de lire et de s’informer sur le sujet, n’étant qu’introvertie, et graphiste de métier, je préfère vous laisser ici avec ce chapitre et ces études que je trouve passionnantes mais dont je n’ai absolument aucune connaissance à part celles citées au dessus. Good luck 🙂